Définition de la cohérence

Qu'est-ce que la cohérence ?

La cohérence est la propriété de ce qui est cohérent, c’est-à-dire qui a de l’harmonie entre ses différents éléments ou parties constitutives et suit un fil logique. Ainsi, pour qu’il ait de la cohérence dans quelque chose (texte ou autre), elle doit présenter une séquence lui donnant un sens général et un fil logique, de sorte qu'il n'y ait pas de contradiction ni manque d’harmonie entre ses différents éléments constitutifs.

Étymologie de cohérence

Le mot "cohérence" vient du latin cohaerentia, qui signifie "connexion" ou "cohésion". Le mot cohérence est beaucoup utilisé en grammaire du texte, qui étudie les liens entre les phrases constitutives du texte.

Cohérence textuelle

La cohérence textuelle est la relation harmonieuse et une suite logique existantes entre les phrases et les différentes parties d’un texte, faisant de lui un tout. Dans un texte cohérent, il ne peut exister des contradictions, ni désintégration entre les différentes parties..

Pour qu’un texte remplisse les conditions de la cohérence textuelle, il faut qu’il remplisse quatre règles suivantes : avoir une progression de l’information, avoir une relation étroite entre les passages et les idées, avoir un champ lexical et la non-contradiction.

La progression de l’information veut que chaque nouvelle phrase apporte une information nouvelle par rapport à la logique et l'information précédente.

Dans un texte cohérent, la transition d’une idée à l’autre doit être assurée d’une manière claire. Cette transition logique est importante pour ne pas donner au lecteur l’impression que l’auteur saute d’un point à l’autre, sans lien logique.

Dans un texte cohérent, les mots doivent être utilisés dans leurs justes titres, c’est-à-dire bien encadré dans leurs champs lexicaux pour avoir des phrases claires sans ambiguïté.

La non-contradiction veut qu’il n’y ait pas de contradiction entre les phrases et les paragraphes. La non-contradiction donne de la crédibilité au texte, en évitant d’opposer des informations clairement dites et non dites dans le texte.

Ainsi, un texte est cohérent lorsqu’en lui il y a une suite logique dans les différentes idées et parties présentées. La cohérence textuelle se construit donc progressivement, par anticipation et traitement rétro-actif des phrases dans la construction du texte.

Charolles (2011) établit des quatre règles pour qu’un texte soit reconnu étant cohérent. Selon lui, il faut que ce texte :

  1. Comporte dans son développement linéaire des éléments à récurrence stricte. La répétition est nécessaire pour tisser des liens entre les phrases et les séquences structurantes d’un texte. Cette répétition est assurée par les diverses ressources lexicales et grammaticales dont disposent les langues : la pronominalisation, les substitutions lexicales, le recouvrement prépositionnel et les reprises d’inférence.
  2. Dans son développement, s'accompagne d'un apport sémantique constamment renouvelé. Un texte doit apporter constamment des nouvelles informations qui font progresser le texte. Ainsi, les redondances affectent la cohérence du texte.
  3. Ne manifeste pas de contradictions, ce qui veut dire qu’une proposition ne peut pas être à la fois vraie et fausse ;
  4. Dénote des faits qui sont reliés par des relations de cause, de condition ou de conséquence, exprimées le plus souvent par des connecteurs. (1)

Pepin (1998) sélectionne trois conditions pour valider la cohérence textuelle. Selon elle, un texte cohérent est un texte dont il est facile de percevoir l’unité malgré le nombre d’entités que le compose. Pour unifier ses entités, un texte doit remplir trois conditions essentielles : la cohésion, la hiérarchisation et l’intégration.

Pepin (1998) définit la cohésion comme étant la qualité d’un ensemble dont les éléments paraissent reliés entre eux. Par conséquent, le passage d’une entité à l’autre dans le texte doit être marqué par un rappel thématique ou sémantique

En ce qui concerne la hiérarchisation, Pepin rappelle que l'énonciation du texte se déroule dans le temps, il est donc nécessaire de bien organiser ses éléments constitutifs suivant une linéarité allant du plus important au moins important.

L’intégration est le fait que le texte doit être reconnu comme faisant partie d’un texte antérieur.

Différence entre cohérence et cohésion textuelle

La cohérence textuelle concerne les différents liens entre les phrases et les paragraphes d'un texte. Ces liens permettent au texte d'apparaître comme un tout, sans déchirure. Par contre, la cohésion textuelle concerne les relations locales du texte, c’est-à-dire le respect des règles morphologiques et syntaxiques, les connecteurs argumentatifs, les organisateurs à l'intérieur de la phrase.

Ainsi, la cohérence textuelle est la non-contradiction des idées de mots dans un texte. Par contre, la cohésion est une partie essentielle qui contribue à la non-contradiction textuelle, c’est-à-dire la cohésion se limite à l'utilisation correcte des connecteurs grammaticaux et de l'articulation dans la phrase, ce qui permet un séquencement harmonieux des phrases et des paragraphes dans un texte.

Défauts de cohérence textuelle

Les défauts de cohérence sont les imperfections qui s’observent dans certains textes. Ces défauts peuvent être généralement de trois ordres : défauts de cohésion, défauts d’étagement ou de hiérarchisation, défauts à résolution incertaine.

1. Défauts de cohésion

Les défauts de cohésion résultent des imperfections dans les traces des procédés qui assurent la cohésion du texte : la récurrence, la coréférence, la contiguïté sémantique, le parallélisme sémantique, le contraste sémantique et la résonance. Ces éléments portent la trace thématique ou sémantique de ce qui vient d'être dit ; et des liens établis par des connecteurs, qui participent à la cohésion en indiquant le sens d'une relation entre deux phrases. Ainsi, le manque de cohésion peut être regroupé en trois catégories : défauts reliés au parallélisme sémantique, défauts reliés au contraste sémantique et défauts reliés à la résonance.

1.1. Défauts reliés au parallélisme sémantique

Le parallélisme sémantique est à ne pas confondre avec le parallélisme syntaxique, il est défini par Pepin en ces termes :

Le parallélisme sémantique est l'établissement d'une correspondance sémantique biunivoque entre les termes comparables de deux phrases pour mettre en valeur les ressemblances et les différences entre ces deux phrases.
Pepin, Lorraine, 1998, Analyse de quelques défauts de cohérence textuelle 2, Volume 4, numéro 2

1.2. Défauts reliés au contraste sémantique

Le contraste sémantique est la mise en relief d'une opposition sémantique déjà exprimée entre deux phrases, par l'utilisation de l'antonymie entre deux termes stratégiques de ces phrases.

Le parallélisme sémantique est l'établissement d'une correspondance sémantique biunivoque entre les termes comparables de deux phrases pour mettre en valeur les ressemblances et les différences entre ces deux phrases.

1.3. Les défauts reliés à la résonance

Les défauts reliés à la résonance concernent le maintient ou pas de la continuité thématique par le recours à des termes disjoints. Pepin définit la résonance en ces termes :

La résonance est l'utilisation de termes disjoints dans l’intention de maintenir la continuité thématique dans le cas où le contexte d’énonciation exige l’introduction de thèmes nouveaux dans la progression du discours.
Pepin, Lorraine, 1998, Analyse de quelques défauts de cohérence textuelle 2, Volume 4, numéro 2.

2. Défauts d’étagement ou défauts de hiérarchisation

Les procédés de hiérarchisation, désignés aussi par procédés d'étagement, concernent le regroupement des informations ; l’ordre avec lequel elles sont présentées ; la façon dont elles sont coordonnées, articulées, hiérarchisées, mises en relief comme information nouvelle ou ancienne, ainsi que le parallélisme syntaxique.

2.1. Problèmes dans l'ordre de présentation et la coordination des informations (informations compétitives)

La présentation des énoncés suit un ordre, une structure hiérarchique sur un axe spatio-temporel. Les informations dominantes viennent en premier, les autres suivent et servent pour l’élaborer, l’expliquer ou l’illustrer.

La coordination permet de renforcer l’ordre hiérarchique établi dans l’énoncé. Elle s’exprime par l’entremise des connecteurs additifs (en outre, aussi, etc.).

2.2. Manque de parallélisme syntaxique

Le parallélisme syntaxique est un procédé de hiérarchisation qui permet d’établir une correspondance de l’ordre d’importance biunivoque des informations entre les termes comparables de deux phrases susceptibles de former un ensemble cohérent.

3. Défauts à résolution incertaine

Ces défauts concernent l’impossibilité de proposer une correction pour résoudre l’imperfection à cause de la distance qui existe entre les deux termes, ce qui rend impossible l’inférence des liens manquants.

3.1. Juxtaposition des informations

Ces défauts portent atteinte à la règle de l’unité du texte, la règle qui veut que le texte forme un tout unifié. Ces défauts sont rendu manifeste dans le texte par la présence de certains énoncés non-intégrés dans le texte. Il s’agit de l’intégration de certains énoncés qui ne s’intègre pas au texte antérieur. Ce manque d’intégration est ressenti comme un changement fortuit entre les énoncés en présence.

3.2. Déviation des informations

La déviation des informations concerne une idée qui suscite des fortes attentes, mais qui est malheureusement abandonnée prématurément dans la phrase suivante. On assiste à une déviation de l’information. L’id´´e ou l’information principale est abandonnée au profit d’une idée supposée être secondaire.

(1) CHAROLLES, J.M., 1988, « Les études sur la cohérence, la cohésion et la connexité textuelles depuis la fin des années 1960. », Modèles linguistiques, 10 (2), p. 45-66.

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